UNE CITÉ MUSÉALE

Chapeau
Le musée départemental de l’Arles antique voit le jour en 1995. Il rassemble en un lieu moderne l’exceptionnelle collection d’Antiques d’Arles réunie depuis près de quatre siècles.
Corps
Devanture du musée
Devanture du musée, MDAA © M.Lacanaud
Devanture du musée, MDAA © M.Lacanaud

Il est conçu par l’architecte Henri Ciriani suivant un parti architectural fort et structurant : le triangle.
Comment en est-on arrivé au choix de cette architecture ? Comment ce musée répond-il aujourd’hui aux contraintes d’exposition d’objets anciens tout en offrant des espaces de visite d’une grande qualité ?

Cette rubrique va vous permettre de mieux comprendre la dimension contemporaine du bâtiment, en retraçant les différentes étapes du projet depuis la découverte des collections antiques d’Arles, l’émergence du besoin, en passant par la formulation du programme et les choix architecturaux.

Un projet d’architecture répond toujours à un besoin, celui du musée départemental Arles antique s’inscrit dans cette histoire patrimoniale, celle du goût des Antiques et des importantes découvertes archéologiques. 

Ainsi dans les années soixante, le manque de place, les mauvaises conditions de conservation, l’absence de mise en valeur des objets et de confort pour les visiteurs engagent une réflexion globale sur le devenir de ce patrimoine. Apparaît progressivement la nécessité d’un nouvel espace plus vaste, unique, qui rassemblerait toutes les collections, disposerait d’infrastructures pour assurer l’activité scientifique et pour développer l’accueil des publics.

Toit terrasse du musée
Toit terrasse du musée, MDAA © Serge Ben-Lisa
Toit terrasse du musée, MDAA © Serge Ben-Lisa

Le concept

Avec son concept de « cité muséale », Henri Ciriani entend créer un espace où le visiteur est invité à déambuler librement dans le musée comme dans une ville.

Le parcours en boucle se développe autour d’un patio central et laisse aux visiteurs la liberté de circuler et de voir les différents thèmes à leur guise.

Des points de vue particuliers sur des espaces privilégiés sont toutefois ménagés. Ainsi le regard est-il attiré par la statue colossale d’Auguste, point phare des collections.

Cette même prise en compte du regard a conduit l’architecte à concevoir une passerelle au-dessus de la fosse aux mosaïques, la contemplation des pavements de grande taille devenant ainsi plus aisée.

Plan croquis du musée
Plan du musée, MDAA © DR
Plan du musée, MDAA © DR

Le plan du musée

Sur la base d’un plan triangulaire, Henri Ciriani organise les trois activités essentielles du musée, tout en concevant une architecture évolutive autorisant les développements ultérieurs.

Autour d’un patio se déploient :

🔹 L’aile des collections permanentes.

🔹 L’aile de la culture, dédiée au savoir et à l’échange, abrite une bibliothèque, la conservation, le service des publics et les structures d’accueil des visiteurs. Elle est symbolisée par la couleur de l’esprit, le blanc.

🔹 L’aile scientifique, identifiée par la couleur rouge des murs, synonyme de la force vive, rassemble les services photographique, archéologique, l’atelier de restauration et les réserves.

Le vert, couleur du métal vieilli, évoque la trace du temps.

Photo aérienne du musée
Photo aérienne du musée, MDAA © Rémi Bénali
Photo aérienne du musée, MDAA © Rémi Bénali

L'architecture des musées

La forme du musée classique est issue de la réutilisation d’anciens bâtiments tels que les palais. La circulation s’y organise suivant l’enchaînement des différentes pièces. Pour échapper à ce schéma pesant, Frank Lloyd Wright (1869-1959) et Le Corbusier (1867-1965) ont travaillé sur l’idée du « mouvement continu » qu’ils ont matérialisé à travers la forme de la spirale.

Quatre architectes, qui serviront longtemps de modèles, sont à l’origine de la conception de musées innovants : James Stirling qui réalise la Staatsgalerie à Stuttgart (1977-1983), Hans Hollein, le musée d’Art moderne.de Mönchengladbach (1980), Arata Isozaki, le Museum of contemporary Art (MOCA) de Los Angeles (1981-1986), et Richard Meier, le musée des Arts décoratifs à Francfort-sur-le-Main (1979-1985).

Chacun de ces architectes a produit un travail sur les couleurs et les volumes, l’apparence et l’identité plastique. Ils inventent ainsi de nouveaux modes de circulation intérieure. La lumière joue également un rôle essentiel dans les vastes espaces qu'ils créent. Le shed, éclairage de toiture industriel, est utilisé comme un moyen performant pour diffuser une lumière naturelle. Ces innovations vont bientôt se généraliser à l’ensemble de l’architecture des musées.