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Musée départemental Arles antique vue aérienne avec le Rhône

L' HISTOIRE DU MUSÉE

Chapeau
Par sa collection permanente et ses grandes expositions, le musée départemental Arles Antique est devenu un lieu incontournable pour tous les passionnés d'archéologie, d'art et de patrimoine.
Corps
Musée Lapidaire
Mdaa / Musée Lapidaire - Arles
Mdaa / Musée Lapidaire - Arles

La genèse :

En 1574, le collectionneur Lantelme de Romieu publie un ouvrage qui a marqué le destin de la ville d’Arles : L’Histoire des Antiquités d’Arles est une véritable révélation pour le public cultivé. Des collections de monnaies, statuettes, vases, cippes, inscriptions ou de simples objets de curiosité voient le jour : désormais la fierté d’être Arlésien s’exalte dans la recherche des vestiges qui révèlent la munificence de la cité antique !

Les successions de collectionneurs, les acquisitions des consuls arlésiens et des ordres religieux vont progressivement rejoindre les collections publiques. Au cours des années, plusieurs endroits de la ville deviennent des lieux d’exposition comme l’hôtel de ville ou le palais des archevêques. Cependant ce sont les religieux Minimes, installés dans la célèbre nécropole des Alyscamps qui, en 1784, accueillent la collection la plus importante de vestiges. Ils créent le premier véritable musée public d’antiquités dans la nef découverte de l'église Saint-Honorat. Cette collection fut malheureusement laissée à l’abandon puis pillée pendant la Révolution française. Au début du XIXe siècle, sur l’ordre du préfet des Bouchesdu- Rhône Charles Delacroix et du ministre de l’Intérieur Jean-Antoine Chaptal, les plus belles pièces sont sur le point d’être partagées entre le musée du Louvre à Paris et celui d’Histoire à Marseille. Heureusement, l’Arlésien Pierre Véran réussit à obtenir la cession gratuite de l’église Sainte-Anne par un décret impérial en 1805 suivi du transfert des collections dans l’église par un arrêté préfectoral en 1808, évitant ainsi la dispersion du patrimoine antique de la cité.

En 1830, s’achevait le gigantesque chantier de dégagement de l’amphithéâtre et la démolition des deux cent douze maisons qui y étaient implantées. Le retentissement de l’opération incita à faire de même avec le théâtre antique en 1833. Ces chantiers, ainsi que des fouilles organisées en divers points de la ville notamment aux Alyscamps pour les travaux du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée), favorisèrent la mise au jour de nombreux objets qui vinrent enrichir les collections. L’église Sainte-Anne ne pouvait plus suffire pour accueillir convenablement tous les antiques. L’abondance d’œuvres amena l’archéologue et conservateur Fernand Benoit, découvreur de l’usine romaine de Barbegal, à créer en 1936 un musée lapidaire d’art chrétien dans l’ancienne église des Jésuites, scindant malheureusement en deux les collections.
Les deux églises désaffectées étant cependant rapidement engorgées, son successeur, Jacques Latour, rangea alors en réserve les collections de céramiques et tous les petits objets en bronze et en fer ainsi que la tabletterie en os.

Un musée moderne
MDAA © Michel Lacanaud
MDAA © Michel Lacanaud

Un musée moderne

Dans les années soixante, il devient évident que seule la création d’un nouveau musée permettrait de réunir et d’accueillir correctement les collections, d’assurer la cohérence scientifique et l’avenir de la recherche et enfin de répondre à l’attente des différents publics. Mais la surface nécessaire pour un projet d’une telle ambition semblait exclure le choix d’un emplacement dans le centre ancien…

Soutenu par Pierre Quoniam, inspecteur des musées, Jean-Maurice Rouquette, conservateur des musées d'Arles, présente en décembre 1968 le programme scientifique du futur musée pendant un colloque de l’ICOM (organisation internationale des musées et des professionnels des musées) à Mexico. Le principe fixé fut celui d’une construction neuve, d’une conception novatrice affirmant une présence forte capable de soutenir le dialogue avec les chefs-d’œuvre de l’Antiquité. Le projet devait impérativement trouver un point d’ancrage avec un élément archéologique majeur de la ville : le choix des Alyscamps ne pouvant être retenu, ce fut le cirque romain qui s’imposa. Tandis que commençait la  fouille de cet immense édifice de 450 mètres de long et 101 mètres de large, la ville d’Arles fit progressivement l’acquisition foncière des parcelles situées autour du cirque, une presque île de six hectares, formant une friche urbaine délaissée entre le centre ancien et le quartier excentré de Barriol. Vingt ans d’efforts seront nécessaires entre la présentation du programme en 1968 et la pose de la première pierre en 1988 pour aboutir à la naissance du musée.

Musée bleu
Mdaa / ChristianRombi /CD13
Mdaa / ChristianRombi /CD13

Le "musée bleu"
 

À la suite d'un concours d’architecture, la réalisation de l’édifice est confiée en 1983 à l’architecte

Henri Ciriani. Fidèle à l’idée fondatrice du projet de Jean-Maurice Rouquette, il crée un bâtiment permettant d’abriter les missions fondamentales d'un musée :

- la conservation, la transmission et la présentation de tous les vestiges ;

- la restauration, l’étude et la publication de ce patrimoine ;

- l’accès à la documentation, la formation et la médiation de l’archéologie et du patrimoine en direction de tous les publics.

De plan triangulaire, le bâtiment imaginé par Henri Ciriani répond parfaitement à la répartition tripartite des fonctions du musée : l’aile scientifique traitée en rouge, couleur symbolique du travail, l’aile culturelle toute blanche, évocation de l’esprit, enserrent harmonieusement l’espace central des collections permanentes. Le vert, couleur du métal vieilli, placé près de l’entrée, évoque la trace du temps. Le centre de la composition est un patio triangulaire dans lequel se dresse un escalier monumental donnant accès aux terrasses. C’est en hommage à la luminosité et à l’intensité du ciel arlésien, qu’Henri Ciriani a choisi de draper de plaques d’ " emalit " bleu les parois extérieures du musée. Au cœur du dispositif, les collections regroupent des témoignages archéologiques depuis le Néolithique jusqu’à la fin de l’Antiquité tardive, jalonnant ainsi tout le développement d’Arles et de sa proche région.

Avec son concept de " cité muséale ", Henri Ciriani entend créer un espace où le visiteur est invité à déambuler librement dans le musée comme dans une ville. Le parcours en boucle se développe autour du patio central et laisse aux visiteurs le choix de circuler et de voir les différents thèmes à leur guise ou de façon chronologique et thématique. La mise en valeur par la lumière naturelle a été l’une des priorités du projet. Celle-ci est diffusée latéralement, ruisselle du plafond et est modulée selon les directions par le mur d’échiffre de l’escalier afin de maîtriser le haut niveau d’ensoleillement de l’été arlésien. De larges ouvertures créent une transparence pleine d’émotion avec les rives du fleuve.

La lumière est également utilisée pour distinguer les différents espaces d’exposition : la période pré-romaine s’inscrit dans une atmosphère très tamisée, à l’inverse, les sections consacrées à la romanité bénéficient d’une clarté qui s’estompe à nouveau lorsqu’en fin de parcours est traité le thème de la mort.

2013 : extension du musée pour accueillir le Chaland Arles Rhône 3
Mdaa / ChristianRombi /CD13
Mdaa / ChristianRombi /CD13

2013, le musée s’agrandit
 

À la suite d’une importante crue du Rhône en décembre 2003 une mission conduite par le Drassm (département des Recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines / ministère de la Culture) fait une découverte extraordinaire sur la rive droite du Rhône, l’épave d’un bateau à fond plat, un chaland gallo-romain. Seule une petite partie de l'arrière de l'épave émerge alors des sédiments. Plusieurs missions d’expertises, de sondage et de fouilles conduites entre 2005 et 2010 par les archéologues de l’association Arkaeos, le centre Camille-Jullian (laboratoire d’archéologie de l’université d’Aix-Marseille et du CNRS) et le musée, ont permis de révéler un bateau admirablement bien conservé, englouti dans les eaux du Rhône avec son dernier chargement, le mobilier de bord des bateliers et ses équipements de navigation. D’un intérêt exceptionnel sur le plan scientifique, cette épave présentait également tous les atouts, d’un point de vue muséographique, pour être montrée au public. Baptisé " Arles-Rhône 3 ", ce chaland a été sorti des eaux du Rhône en 2011 pour être restauré et il a ainsi rejoint le club très fermé des bateaux trouvés complets (ou presque) en fouille, renfloués et présentés au sein d’un musée (comme le Vasa de Stockholm, la Mary Rose de Portsmouth, les bateaux vikings d’Oslo…).

Exposée depuis octobre 2013, au terme d’une formidable aventure scientifique, technique et humaine impliquant une centaine de personnes (archéologues, scaphandriers, conservateurs, restaurateurs, régisseurs, communicants, médiateurs, documentalistes, photographes, architectes, scénographes...), l'épave prend place dans l’extension du musée construite spécialement à cet effet.