

LES ENDUITS PEINTS
Le musée départemental Arles antique présente la singularité d’abriter un service de conservation-restauration qui offre à notre institution des compétences rarement réunies dans un musée. L’existence de cet atelier a été un argument important pour l’obtention de l’agrément autorisant à mener les fouilles programmées de la Verrerie.
En effet, les conservateurs-restaurateurs s’insèrent dans toutes les étapes de la chaine opératoire : lors des interventions sur site, ils ont participé à la dépose des peintures, des sols et des seuils de la maison de la Harpiste. Aujourd’hui, en atelier, ils stabilisent les différents décors muraux prélevés pour les rendre manipulables et les mettre à disposition des archéologues pour leur étude. Enfin, dans la perspective d’une présentation muséographique, les opérations de restauration consisteront à rassembler et mettre en valeur tous les ensembles décoratifs de la maison. L’objectif final du projet étant la restitution des deux pièces de la maison dans les collections du musée.
Sur le site, la dépose des parois peintes
Sur site, après un relevé à l’échelle 1 de la surface indiquant le décor et les altérations diverses, plusieurs couches de toiles sont encollées à la surface des peintures des parois en place. L’encollage de ces toiles permettront de maintenir les parois peintes dans leur intégralité pendant les opérations de prélèvement.
Les fissures existantes des parois servent de séparation afin de diviser les surfaces en plusieurs panneaux de dépose. La séparation entre le mur et les mortiers antiques, au revers des peintures, est réalisée à l’aide de lames métalliques plates glissées dans cette interface. Le décrochement est accompagné par le maintien d’une plaque de bois contre la paroi peinte entoilée à la face. C’est cette même plaque de bois qui reçoit les parois retournées dont seul le revers est désormais visible.
En atelier les interventions de conservation-restauration


Après la fouille, les restaurateurs continuent de travailler de concert avec les archéologues. Ils réalisent les premières opérations de stabilisation des peintures pour les rendre manipulables et visibles afin d'effectuer le remontage.
La stabilisation des parois déposées
Les premières opérations consistent à réduire, après documentation photographique, l’épaisseur des mortiers du revers afin d’alléger ces éléments de grandes dimensions. La consolidation des matériaux est réalisée simultanément. Les revers sont par la suite renforcés par l’application de plusieurs strates rigides en adaptant le procédé à l’état de conservation des peintures :
? un tissu en fibres de verre est d’abord encollé en guise d’armature ;
? puis une épaisseur de mortier synthétique léger assure le renfort et la planéité ;
? ainsi consolidées et stratifiées, les parois peintes peuvent être retournées puis désentoilées. La surface des peintures est de nouveau visible. Les parois sont confiées aux archéologues afin qu’ils cherchent à leur associer des éléments fragmentaires isolés sortis de l’étude archéologique en cours.
Le suivi assuré pendant l’étude
Les restaurateurs interviennent aussi ponctuellement pour consolider les matériaux fragiles lorsque cela est nécessaire pendant l’étude. Leur expertise est également indispensable pour surveiller le risque important d’altération de certaines peintures composées du pigment cinabre, photosensible. En plus de la vigilance accordée aux données climatiques de la salle (lumière, température, humidité), ils assurent un suivi photographique rigoureux sur certaines zones identifiées comme fragiles.












La stabilisation des enduits peints fragmentaires à l’issue de l’étude archéologique
Grâce à l’étude qui consiste à rechercher des connexions entre les milliers de fragments prélevés sur le site, des ensembles de décor ont pu être restitués. Le puzzle des archéologues se complète progressivement dans des grands bacs remplis de sable, lequel permet l’ajustement temporaire des niveaux et des contacts entre les fragments. Comme les parois peintes déposées sur site, ces ensembles fragmentaires issus de l’étude doivent être stabilisés pour être associés à l’ensemble décoratif et ainsi restituer les volumes entiers des pièces de la Maison de la Harpiste dans les collections du musée.
Ainsi, les fragments de ces ensembles sont remontés par petites plaques sur des tables équipées d’un plateau de verre. Ce dispositif permet d’ajuster les connexions tout en gardant l’accès au revers des fragments. Les mortiers du revers de ces plaques sont ensuite amincis, consolidés et stratifiés selon un protocole adapté à l’état de conservation des enduits peints.