

LE MUSÉE BLEU : UNE ARCHITECTURE COULEUR DU TEMPS


Le musée départemental Arles antique, surnommé “musée bleu” par les Arlésiens, s’identifie de prime abord à l’Emalit, le verre émaillé de couleur bleue qui capture dans son reflet le visage du visiteur, le paysage environnant, les nuages, le temps…
À l’occasion de son trentième anniversaire, le musée consacre une exposition rétrospective à l’histoire de ses collections archéologiques, à son architecture originale qui s’impose comme une référence et à son lien avec le public.


Les collections
Depuis le XVIIIe siècle, des collections archéologiques étaient disséminées dans différents lieux et sites de fouilles arlésiens. Le premier musée public d’antiquités situé dans la nef de l'église Saint-Honorat était tenu par les religieux Minimes en 1784. Malgré les pillages de la Révolution, l’abondance d’œuvres est telle que les nouveaux lieux d’accueil, comme la chapelle Saint-Anne et l’ancienne église des Jésuites, sont vite engorgés.
Un lieu pour les rassembler
L’itinéraire des collections à travers les monuments de la ville d’Arles aboutit progressivement à l’idée d’un nouveau musée, dont Jean-Maurice Rouquette, conservateur et directeur du musée, fut une des chevilles ouvrières. L’ensemble des œuvres présentées dans le musée est rassemblé volontairement et intégré dans la muséographie de Jean-Maurice Rouquette et Henri Ciriani. Les évocations du passé se retrouvent aujourd’hui dans la muséographie notamment par l’allée des sarcophages qui clôt le parcours
muséal de 1995 et rappelle le premier musée des Alyscamps.


Henri Ciriani, un architecte au sommet
Architecte et enseignant d’origine péruvienne, Henri Ciriani remporte le concours du musée de l’Arles antique en 1984 alors qu’il est au sommet de sa carrière. Il s’est installé en France en 1964 et a livré plusieurs projets pionniers de logements collectifs qui lui valent une reconnaissance nationale et internationale. En 1982, il ouvre sa propre agence d’architecture à Paris et reçoit l’année suivante le Grand prix national d’architecture. La commande du musée arlésien marque la consécration d’un architecte qui a su réinterpréter le langage de l’architecture moderne – l’espace, les proportions, le mouvement, les ombres et la lumière – au service de l’émotion.


Le musée réinventé
Conçu lors du concours de 1983 et inauguré en 1995, le musée de l’Arles antique est une œuvre de plénitude. Dans le contexte de la décentralisation culturelle, ce bâtiment est moins un modèle qu’une démonstration d’architecture unique dans l’histoire des musées des années 1980 et 1990. S’inscrivant dans la filiation des musées dynamiques de Le Corbusier et de Frank Lloyd Wright, l’édifice arlésien déploie, par sa forme triangulaire et son parcours en tension, une spatialité moderne, animée par les jeux de lumière et vecteur d’émotion. Un ensemble exceptionnel de dessins, croquis, maquettes et archives, provenant des collections de la Cité de l’architecture et du patrimoine restituent le processus de conception de l’architecte Henri Ciriani, entre précision et sensibilité.
Un parcours architectural
En complément de l’exposition, un parcours architectural expose les caractéristiques majeures de cet édifice à travers plusieurs points de vue privilégiés, répartis dans le musée et dans le jardin Hortus.
Au son des voix de l’architecte et des usagers, guidé par des visuels graphiques ou photographiques, le visiteur peut explorer le rapport à la ville antique, le triangle, la signification de l’Emalit, le dialogue avec le paysage, la recherche sur la lumière, la symbolique de la terre et du ciel ou encore les différentes ailes du bâtiment.


Racontez-nous votre musée
La scénographie propose un contrepoint sensible et humain en présentant les objets et souvenirs déposés lors de la collecte de témoignages organisée depuis plusieurs mois. Une galerie de portraits des participants complète l’ensemble. Dans cette partie, les visiteurs de l’exposition seront invités à partager leurs visions du musée bleu dans 10 ans.
Smith et le partenariat avec l’École nationale de la photographie
Le plasticien et photographe Smith propose quant à lui une création originale permettant un dialogue entre art contemporain et les collections du fonds ancien du musée bleu. Cette section est également alimentée par la création féconde des étudiants de l’École nationale supérieure de la Photographie (ENSP) qui interrogent la matérialité des collections et de leurs représentations artistiques et photographiques.


Un jardin en images
Dans le jardin Hortus prendra place une exposition de visuels grand format retraçant des moments forts de la vie du musée depuis 30 ans.