

STATUETTE D’ESCULAPE


La cassure au niveau du cou montre que le dieu, barbu, avait la tête légèrement tournée vers sa droite. La chevelure se termine sur l’arrière par de petites boucles.
Le corps est revêtu jusqu’aux chevilles d’un manteau qui couvre partiellement l’abdomen et dont un pan est rabattu sur le ventre et la cuisse gauche. Un pan vertical cache l’épaule gauche et forme une cascade de zigzags s’achevant en une sorte de pompon sur l’avant. Derrière, le tombé est droit.
Le bras gauche est ramené derrière le dos. Une pièce complétait le coude, ce qu’indique un trou de scellement. La main paraît juste esquissée, légèrement en méplat par rapport aux plis profonds qui l’environnent. Le pouce se referme sur la main ou quelque chose de rond qu’il est impossible d’identifier. Probablement cette face n’était-elle pas destinée à être vue.
Le bras droit, cassé au niveau de l’avant-bras, se détachait du corps et était tendu vers le sol, la main tenait un bâton autour duquel s’enroulait un serpent, un des symboles de la divinité. Deux ponts sont encore bien visibles au niveau de la hanche et du genou raccordés respectivement au poignet et au bâton.
Des pieds, généralement chaussés de sandales, il ne reste rien ; la jambe droite est cassée juste sous le vêtement et la gauche avant la cheville. À côté, cachée par les plis du manteau, une masse rectangulaire renforçait la structure de l’œuvre.
Cette base se retrouve sur un type assez similaire, si ce n’est la disposition des plis du manteau, appelé “Anzio”, d’après une statue découverte en 1711 dans la fouille d’une villa de cette ville et maintenant conservée au musée Capitolin de Rome. Les deux œuvres sont des copies romaines d’un original grec, sans doute élaboré au IVe siècle av. J.-C. Toutes les statues de ce type sont de petite taille.
Esculape est un dieu bien connu du panthéon gréco-romain, bien qu’apparu assez tardivement. Il est nommé Asclépios chez les Grecs. Selon Pindare, c’est le fils d’Apollon et de Coronis, fille du roi thessalien Phlégyas. Celle-ci, ayant osé aimer un mortel, fut tuée par le dieu. Ce dernier, ayant récupéré l’enfant sur le bûcher funéraire, le confia au centaure Chiron qui lui enseigna la médecine. Il devint maître en cet art et réussit même à ressusciter des hommes, dont Hippolyte, fils de Thésée, ce qui provoqua l’inquiétude de Zeus qui le foudroya. Celui-ci craignait en effet qu’Esculape ne bouleverse ainsi l’ordre du monde.
Son culte, originaire de Thessalie, se répandit en Grèce, souvent dans l’ombre des temples consacrés à son père. Le centre le plus important fut Epidaure où il y avait une école de médecine renommée. Le fameux Hippocrate de Cos appartenait à une famille de médecins, les Asclépiades, qui prétendait avoir le dieu comme ancêtre. Introduite à Rome dès 291 av. J.-C., son image, assez stéréotypée suivant des modèles créés au IVe siècle av. J.-C., fut véhiculée dans toutes les régions, mais elle ne connut pas les mêmes succès partout. La Gaule n’a livré aucun temple, même si le dieu est attesté dans quelques lieux de culte par une inscription ou une représentation. Sans doute Esculape n’a-t-il pas pu supplanter les divinités guérisseuses abondantes dans le pays, ni même leur être assimilé : Apollon, mentionné par César pour chasser les maladies, et les nombreuses divinités locales, notamment les déesses-mères.
Bien que rare, c’est la seconde statue de ce dieu découverte dans notre cité. Arles, grande ville de l’Empire située sur un nœud de communications, fortement romanisée, a adopté plus facilement le grand dieu de la médecine.
Caractéristiques techniques
RHO.2007.00.1944 Statuette d’Esculape
Marbre
IIe siècle après J.-C.
H. 46,5 X l. 17 X prof. 13 cm
Arles, Rhône, découverte en prospection sur la rive droite (2007)
RHO.2007.00.1944