

STATUE AÏON


Elle a été découverte en 1598 dans les fondations du moulin à eau du canal de Craponne, près du cirque romain et achetée en 1723 par les Consuls pour l’exposer en haut du grand escalier de l’Hôtel de ville. Acéphale et tronquée sous les chevilles, c’est la plus énigmatique des œuvres du musée, léguées par l’Antiquité.
Le dieu, hiératique, est vêtu d’un manteau à manches qui descend jusqu’aux pieds. Autour de son corps s’enroule un serpent aux écailles bien marquées, dont le sens des écailles indique que la tête reposait dans la main gauche d’Aiôn. Entre les anneaux formés par le reptile, qui représente la course du soleil dans le ciel, le long de l’écliptique, sont figurés, trois par trois, de haut en bas, les signes du zodiaque, répartis en fonction des saisons. L’équinoxe du printemps ouvre la série, on a ainsi le Bélier, le Taureau et les Gémeaux. En dessous, figurent le Cancer, le Lion et la Vierge, puis, plus bas encore la Balance, le Scorpion et le Sagittaire. Il y avait une quatrième rangée comprenant le Capricorne, le Verseau et les Poissons.
Bien des auteurs ont reconnu dans cette œuvre un Aiôn mithriaque et la preuve de la présence d’un mithraeum, à proximité, voire dans une des chambres de soutènement de la cavea du cirque. En fait, rien ne vient étayer cette assertion, si ce n’est un parallèle avec les lieux de culte abrités dans divers édifices publics comme les thermes de Caracalla ou le circus maximus à Rome. Avec la statue ont été trouvés des pans de murs, des pierres en grand appareil présentant des trous de louve, des colonnes de granit, des « marbres » et une lampe à huile, rien n’apportant la preuve de la présence d’un lieu de culte.
L’identification de la divinité, Aiôn âgé, maître du temps, n’est pas à remettre en cause. Cependant, plusieurs éléments font de cette statue un exemple atypique si on la compare aux autres représentations connues du dieu. Ainsi, elle n’est pas pourvue d’ailes et porte un manteau à manches alors que le léontocéphale mithriaque est généralement nu ou paré d’un pagne. Habituellement il tient des clés dans les mains alors qu’ici, seule paraît l’extrémité du serpent. Enfin, aucun reste ne permet de placer une tête de lion sur ce corps. Elle semble assez représentative des syncrétismes qui ont fleuri dans la religion romaine aux IIe-IIIe siècles.
Caractéristiques techniques
FAN.1992.375 Statue Aïon
Marbre de Paros
Fin du IIe siècle, IIIe siècle après J.-C.
H. 100 X l. 48,5 X prof. 36 cm
Arles, Moulin à eau du canal de Craponne, 1598