

SARCOPHAGE DES DIOSCURES


Dans les parties centrales, un même couple est figuré à deux époques différentes, la femme, vue de face et l’homme de trois quarts. On trouve ainsi à gauche, la dextrarum iunctio, peut-être une scène de mariage, le volumen que tient l’homme pouvant être un contrat de mariage. Mais le rouleau est également un attribut très généralisé que tout Romain cultivé peut tenir. La scène peut également être interprétée comme un adieu pendant la vie. Le fait que l’homme ait des traits juvéniles et soit habillé d’un costume interprété comme celui de la cavalerie romaine signale peut-être qu’il s’agit d’un départ pour un voyage militaire.
À droite, une scène d’adieu au moment de la mort où l’homme paraît plus âgé. Il porte une tunique longue à manches et une toge qui forme un grand umbo arrivant jusqu’à son genou droit, des chaussures fermées et montantes qui le caractérisent comme appartenant à la classe sénatoriale.
Ce tableau est encadré par les Dioscures, fils de Léda : Pollux à gauche et Castor à droite, tenant chacun une lance et la bride de leur cheval dont seule la moitié antérieure est représentée. Leur présence dans un contexte funéraire, attestée par d’autres sources iconographiques païennes et chrétiennes, s’explique par leur rôle de divinités psychopompes, c’est-à-dire accompagnatrices du défunt.
Dans les écoinçons on peut apercevoir des personnages en buste tenant un volumen, peut-être une allusion aux apôtres et aux extrémités deux colombes becquetant des fruits placés dans un haut panier.
Les petits côtés, traités en très bas-relief, ont reçu des thèmes inspirés du Nouveau Testament, à gauche, le Christ, entouré de deux apôtres, procède à la multiplication des pains et des poissons. À droite la scène est malheureusement lacunaire. La partie haute manque, mais la présence de six mortaises et d’une rainure aménagée dans l’épaisseur du petit côté et de l’arrière devait permettre d’insérer une pièce. Elle montre la chaire de saint Pierre. Le saint homme, habillé comme les apôtres du petit côté précédent est figuré assis sur un rocher, tenant un volumen dans la main gauche.
Par son iconographie, le décor de cette cuve est significatif du profond changement qui intervient à cette époque dans le monde romain, où l’on voit apparaître des thèmes chrétiens qui ne renient pas pour autant des représentations païennes. Par ailleurs la présence des Dioscures sur un document chrétien n’est pas rare. Ces jumeaux symboles du ciel ont été adoptés par les chrétiens à en juger par divers documents de période chrétienne sur lesquels ils figurent : étoffes, plat etc.
Ce sarcophage a été fort probablement sculpté par un atelier de Rome dans le dernier quart du IVe siècle.
Caractéristiques techniques
FAN. 92. 00. 2482 Cuve dite ‘sarcophage des Dioscures’.
Marbre blanc à bandes grises verticales et à grains moyens. Peut-être de Proconnèse.
Troisième quart du IVe siècle
H : 62 cm ; L : 206 cm ; l : 76 cm
Arles, retiré des Alyscamps, au nord de Saint-Honorat, le 14 février 1844, par la Commission archéologique d’Arles.