LE BUSTE PRÉSUMÉ DE CÉSAR
La tête était alors retournée face contre terre près des éléments de bois de l'épave Arles-Rhône 7. Le buste en marbre, de grandeur naturelle, est dans son ensemble bien conservé, à l'exception d'une partie du nez et de l'oreille gauche. La partie antérieure a été brisée à la base du cou, sans doute en même temps que le nez.
L’homme ainsi figuré présente des rides d'expression et de vieillesse profondément incisées. Légèrement désaxée, la tête penchée à droite fait ressortir sur ce côté du cou quatre plis et quatre bourrelets nettement visibles. Le visage est marqué par un menton large et prononcé, une bouche un peu pincée, des pommettes saillantes, et deux rides naso-labiales profondes. Le regard intense et sombre, dû à un renfoncement des yeux dans leur orbite, est fixé sur le lointain. Le front partiellement dégarni est traversé par deux larges rides. Les cheveux aux pointes finement ciselées ondulent dans différentes directions. Néanmoins, le personnage présente une calvitie qu’il cherche à cacher en ramenant ses cheveux sur le devant.
L'arrière du crâne découpé a été aménagé pour recevoir trois goujons de fixation en fer dont deux étaient encore en place au moment de la découverte. D'autres morceaux de marbre devaient compléter la sculpture, une pratique assez habituelle dans l'art romain. L'ensemble était sans doute conçu pour être fixé sur un pilier hermaïque.
Ce portrait a été attribué par certains chercheurs à Jules César mais l'identification n’est pas aisée car les seules véritables représentations connues de cet homme illustre sont des effigies monétaires. En l'état actuel des connaissances, aucune sculpture n'a été découverte en même temps qu'une inscription ou un indice indubitable permettant d'identifier avec certitude César, contrairement aux représentations officielles d'Auguste où tous les types de "Prima Porta" sont codifiés et mécaniquement standardisés. Seules quelques sculptures trouvées en Italie représenteraient César, mais ce sont des portraits qui auraient été réalisés après sa mort. Aujourd'hui, si les spécialistes reconnaissent que la tête d'Arles découverte dans le Rhône présente les traits de César et date de la fin de la République romaine ou du début de l’Empire (50 – 40 av. J.-C.), certains pensent qu’il pourrait plutôt s’agir d’un « visage d’époque », phénomène d’imitation par les élites locales. Cependant, il faut signaler qu’elle a été taillée par un sculpteur exceptionnel dans un marbre de grande qualité provenant de la lointaine Phrygie, et plus précisément des carrières du Dokimeion près de la ville actuelle d'Afyon en Turquie.
Caractéristiques techniques
RHO.2007.05.1939 Portrait présumé de Jules César
Marbre de Dokimeion
50-40 avant J.-C.
H. 39,5 X l. 22 X prof. 18 cm
Arles, fouilles du Rhône 2007, Dépôt du DRASSM