BILAN MISSION ARCHÉOLOGIQUE 2025 DANS LE RHÔNE

La première opération a porté sur la fouille d'une barque de moins de 5 mètres de longueur, bien conservée et datée du milieu du Ier siècle baptisée Arles-Rhône 15, ou « AR15 ». En dépit d'une faible visibilité, une photogrammétrie de l’épave a été réalisée ainsi que de nombreux prélèvements de bois. Ces derniers feront l'objet d'une étude xylologique pour déterminer les essences de bois utilisées dans la construction du bateau. 

À proximité de cette épave, des carottages subaquatiques de 1 à 3 mètres de profondeur ont également été réalisés et devront être comparés au carottage terrestre réalisé en 2024 à proximité du Rhône. L'objectif des études géomorphologiques, conduites à partir de ces carottes, porte sur la restitution de la berge antique au regard du positionnement de l'épave. Toujours dans le même secteur, la seconde opération a porté sur des prospections et la réalisation d’un sondage. Si la prospection a livré des madriers de 17 m de longueur, dont les prélèvements de bois permettront de savoir si ces derniers sont antiques, ou pas (datation au C14), l’ouverture d’un sondage a confirmé la présence d’un dépotoir portuaire (amphores, conserves de bord des marins, vases marchandises, bouchons etc.) datant du I^er siècle ap. J-C. Situé bien en aval du centre-ville actuel, ce sondage révèle ainsi l’une des limites de l’extension du port antique. 

Au I^er s. apr. J.-C., l’intensité des échanges commerciaux amenait donc les bateaux à s’amarrer de plus en plus loin de l’antique Arelate. Au sein de ce sondage, une membrure isolée a été découverte. Il s’agit d’une pièce de charpente de marine dont la forme, les dimensions et les assemblages permettent de la rattacher à un bateau maritime antique d’une vingtaine de mètres de long. Il s'agit donc de la 25ème épave recensée dans le Rhône et qui devrait porter le nom de code "AR25". Enfin, la troisième opération archéologique a porté sur la fouille d'une autre épave correspondant à un navire différent. Il s’agit d’un bateau de type allège (en charge de délester les bateaux maritimes aux avants ports) baptisé AR7 et daté du milieu du IIIe siècle. 

La réalisation d’un sondage, effectué au sein du dépotoir portuaire recouvrant cette épave, a permis la découverte d’un trésor monétaire comptant plus de 850 monnaies (en majorité en alliage cuivreux et quelques-unes en argent), dont une majorité sont datées des III^e et IV^e s. apr. J.-C. L’épave a quant elle été dégagée sur une partie de sa poupe mettant en évidence une extrémité pincée. Cette épave a également fait l’objet d'une photogrammétrie et de prélèvements de bois à des fins d’analyses xylologiques. 

Les prochaines campagnes de fouilles programmées de 2025 et 2026 porteront sur l’étude exhaustive d’AR7.
Responsables d’opérations scientifiques des opérations : David Djaoui et Sabrina Marlier (musée départemental Arles antique /CD13), Pierre Poveda (CCJ/CNRS), Alex Sabastia (Inrap)